La Charte fédérale

LA CHARTE FEDERALE

 

Assemblée Générale d'Angers, juin 2000

Nous, centres sociaux et socioculturels de France fédérés, divers dans nos origines, nos inscriptions territoriales et nos formes institutionnelles nous entendons, dans notre Charte, expliciter le sens que nous donnons à notre action. Nous nous exprimons alors que notre société est traversée par de profondes mutations qui, tout en ouvrant de nouveaux possibles, mettent à mal nombre de structures sociales et désunissent trop d’existences personnelles.

 

1. Notre conception du centre social et socioculturel


Le centre social et socioculturel entend être un foyer d’initiatives porté par des habitants associés appuyés par des professionnels, capables de définir et de mettre en œuvre un projet de développement social pour l’ensemble de la population d’un territoire.

 

2. Nos valeurs de référence


Se plaçant dans le mouvement de l’éducation populaire, les centres sociaux et socioculturels fédérés réfèrent leur action et leur expression publique à trois valeurs fondatrices : la dignité humaine, la solidarité et la démocratie.

La dignité humaine

Reconnaître la dignité et la liberté de tout homme et de toute femme est l’attitude première des acteurs des centres sociaux et socioculturels.

L’accueil, l’écoute et le respect de chacun rend possible le dialogue personnalisé. Le regard porté sur les autres se garde des préjugés moraux et culturels.
La reconnaissance laïque de la pluralité des croyances évite le renvoi de chacun à sa conscience individuelle ou au repli identitaire. L’attention donnée aux qualités et aspirations de l’autre ouvre les chemins de la convivialité, des progrès personnels et des coopérations réciproques.

La solidarité

Considérer les hommes et les femmes comme solidaires, c’est à dire comme étant capables de vivre ensemble en société, est une conviction constante des centres sociaux et socio-culturels depuis leurs origines.

La progression de l’individualisme et la persistance de contradictions sociales n’empêchent pas les centres sociaux et socioculturels de penser que les hommes et les femmes se construisent comme personnes au travers de leurs rapports aux autres.
Les individus deviennent des acteurs solidaires lorsqu’ils s’engagent dans des rapports sociaux qu’ils contribuent à constituer, tels que les liens familiaux, les relations de voisinage, les convivialités, les solidarités de groupe, les rencontres interculturelles, les participations associatives, les rapports de travail, les engagements citoyens…

Echanger des savoir-faire, entrer dans des réseaux d’entraide, soutenir l’insertion sociale et économique de chacun, défendre les droits des personnes à vivre en société, solidarisent les individus.

La démocratie

Opter pour la démocratie, c’est pour les centres sociaux et socioculturels, vouloir une société ouverte au débat et au partage du pouvoir.

Les centres sociaux et socio-culturels entendent établir, et au besoin conquérir, avec et pour les habitants d’un quartier, d’une ville, d’une agglomération ou d’un pays, des espaces de discussion et de participation à des prises de décision concernant leur vie quotidienne et celle de la collectivité.

Opter pour la démocratie c’est aussi s’engager concrètement dans des actions collectives, mêmes modestes, dont les finalités, les modalités et les résultats peuvent être débattus.

La démocratie participative, en proposant, en agissant, en contestant, est nécessaire à la vie politique locale. La force de la démocratie locale c’est l’engagement civique des citoyens.

 

3. Nos façons d’agir


L’action des centres sociaux et socioculturels s’enracine dans l’expérience vécue des habitants. Elle associe la sensibilité et la rationalité des acteurs. Elle trouve une condition de son élaboration et de sa conduite dans la convivialité créée par le centre social.

L’élaboration de l’action

La vision des centres sociaux et socioculturels ne fractionne pas la vie humaine en autant de segments qu’il y a d’administrations ou de prestataires de service : elle identifie ce qui fait la globalité de l’existence individuelle et des situations collectives.

Les centres sociaux et socioculturels prennent autant en compte les potentialités que les difficultés. Ils font de l’écoute et de la rencontre des habitants, mais aussi de l’observation et du recueil méthodique de données, les instruments de leurs analyses, contribuant ainsi à l’élaboration de diagnostics territoriaux concertés.

Les centres sociaux et socioculturels insèrent leur action quotidienne dans un “projet social” cohérent et pluriannuel, explicitant objectifs et moyens. Référé aux caractéristiques du territoire, ce projet est élaboré avec les habitants et concerté avec les partenaires des centres sociaux et socioculturels.

Avec ce projet, les centres sociaux et socioculturels vont au-devant d’individus, de groupes et d’associations, dont la préoccupation ordinaire est de construire leur vie selon leur propre spécificité. Ils accompagnent cette volonté tout en l’ouvrant à la vie familiale et sociale et à la participation à des initiatives de développement social local.

Lorsque ces individus et ces groupes souffrent de dépendance ou d’exclusion, les centres sociaux et socio-culturels entendent favoriser les conditions pour que ceux-ci puissent agir librement, et discuter les projets qui les concernent à égalité de droits et de garanties.

Les centres sociaux et socioculturels n’agissent pas seuls. Ils connaissent les autres acteurs associatifs, administratifs, politiques ou économiques de leur territoire de projet. Ils nouent avec eux les relations nécessaires aux actions à conduire. Ils formalisent, de préférence, ces relations dans des conventions de partenariat.
Par contre, ils n’entendent pas être instrumentalisés ni devenir de simples prestataires de services ou réduire leur projet social à des délégations de service public.

La conduite de l’action

Dans la conduite de leurs actions, les centres sociaux et socioculturels entendent être participatifs, opérationnels et responsables.

Les centres sociaux et socioculturels le sont dans leur constitution même et dans leur fonctionnement en associant, dans l’action et dans les instances consultatives et délibératives, des habitants auteurs et acteurs du “projet social”, des administrateurs bénévoles et des salariés qualifiés acquis au projet.

Ils le sont lorsque, délibérément, ils inscrivent l’engagement actif d’habitants et de bénévoles dans une logique d’éducation populaire en favorisant leur formation.

Ils le sont, lorsqu’ils prennent publiquement la parole pour avertir et faire des propositions ou pour dénoncer l’inacceptable.

Ils le sont, lorsqu’ils coopèrent avec des acteurs publics, afin de produire avec eux des “biens publics”, tels que, par exemple, la qualité des espaces collectifs ou l’esprit civique.
Opérationnels, les centres sociaux et socioculturels le sont par leur capacité à conduire avec professionnalisme une pluralité d’actions coordonnées, ponctuelles ou durables, individuelles ou collectives, dans la proximité ou pour l’ensemble d’un territoire.

Responsables, les centres sociaux et socioculturels le sont lorsqu’ils s’activent à rassembler les moyens de leur “projet social” tels que le concours actif de bénévoles compétents, le recrutement de salariés qualifiés, la transformation d’emplois précaires en emplois permanents, la disposition de locaux adaptés, l’obtention de financements pérennes.

Responsables, ils le sont aussi lorsqu’ils font connaître aux habitants et à leurs partenaires leur programme d’action, lorsqu’ils gèrent avec rigueur l’argent public qui leur est attribué, lorsqu’ils se soucient de soumettre leurs actions et leur gestion à l’évaluation interne et externe.

 

4. Notre engagement fédéral


Notre Charte est l’expression de centres sociaux et socioculturels qui ont fait de leur adhésion volontaire à la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France un acte politique et stratégique.

Un acte politique un acte stratégique

En se fédérant, les centres sociaux et socioculturels se créent un espace d’élaboration partagée du “projet centre social et socioculturel”. Ils acquièrent collectivement une capacité politique à dire publiquement leurs finalités, leurs modes d’action et à prendre part au débat public.

Ils se dotent démocratiquement d’instances garantes de leur volonté commune. Ils se donnent les moyens, y compris financiers, de préserver leur indépendance fédérale. Ils nouent des liens à l’échelle européenne et internationale de façon à faire progresser leurs valeurs et leurs formes de pratique. En se fédérant, les centres sociaux et socioculturels se mettent en réseau, à différents échelons de territoire, pour mutualiser leurs capacités, pour partager leurs difficultés, et pour s’organiser stratégiquement quant aux actions à conduire et aux partenariats à établir.

En se fédérant, les centres sociaux et socioculturels font valoir, plus haut et plus fort, le sens et l’efficacité de leur propre action au bénéfice d’une société plus solidaire.

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